Il n’est souvent pas chose aisée de trouver sa place à l’aube de sa vie professionnelle, alors imaginez lorsque l’on arrive dans un pays dont on ne connaît rien, à l’exception de l’envie furieuse d’y faire sa vie. Portrait d’Amy, qui a décidé de tisser son histoire d’un fil bleu-blanc-rouge, en créant Jonesie.

L’histoire commence en terre du Nouveau Monde. A Nashville dans le Tennessee, la jeune Amy Jones met un point final à ses années lycée à l’été 2008. S’ouvre alors un nouveau chapitre. L’étudiante change d’État pour l’Illinois et Chicago, où elle entre à l’École de l’Institut d’Art. Le bois est la première matière qui lui monte aux mains. Peu à peu, ses phalanges délaissent la rugosité de celui-ci pour lui préférer la douceur de la fibre. La jeune Amy apprend au contact d’une amie brodeuse l’art de jouer avec le fil. L’été qui suit recueille ses réflexions quant à la voie à suivre, tant Amy a ce désir fou de vivre une autre vie. Elle se réoriente alors en management de l’art au Columbia College de Chicago. Si les douze derniers mois ne lui font pas regretter son choix, le mal du pays tisse en elle un fil de plomb. Pour alléger ce cœur devenu lourd, Amy retourne dans son Tennessee natal. La jeune femme pose ses valises à Knoxville, étudie le commerce international et le français. D’inconnue, la langue de Molière devient bien-pendue, tant Amy dévore ses cours, avec un appétit insatiable.
La jeune américaine arrive dans l’hexagone à l’été 2011, dans le cadre d’un voyage scolaire. Cinq semaines pour découvrir la ville Lumière et peaufiner son français. Les étoiles de son drapeau d’origine semblent avoir migré dans ses yeux. Ce qui lui est donné à voir de la France l’enchante. Avant de reprendre l’avion, Amy rencontre le plasticien Jérôme Btesh qui lui fait la promesse d’ouvrir les portes de son atelier si la jeune américaine décide de revenir.
De retour chez elle, Amy redouble d’effort dans l’apprentissage de cette langue vernaculaire en inondant ses oreilles de chansons françaises. Le fil invisible qui la lie à la France devient fil de fer. Amy décide de quitter la patrie du Pentagone pour l’hexagone durant un semestre d’études. Au revoir (Dow) Jones, bonjour macarons, Montmartre et jolis troquets ! Sur les pavés parisiens, l’étudiante rappelle comme promis l’artiste plasticien pour un stage. Le début de son histoire française peut commencer, en ce début d’année 2012.
En avril, sans se découvrir d’un fil et sans se départir de son sourire, Amy prend la décision de ne pas retraverser l’Atlantique. C’est alors qu’elle découvre le mot « alternance ». Quatre voyelles et six consonnes qui lui offrent un précieux visa et un revenu synonyme de stabilité dans cette patrie qu’elle chérit déjà tant. Amy s’inscrit alors à la célèbre Sorbonne pour terminer son Bachelor en communication. Les mois à la faculté défilent. De fil en aiguille, la fibre de l’entrepreneuriat tisse doucement sa toile. Amy épingle l’idée d’une box mensuelle de DIY (do it yourself = fait le par toi-même) mais l’attache d’un fermoir.
En 2013, la broderie fait plus que jamais partie de son quotidien. La jeune américaine brode tous les t-shirts de son petit ami. Au fil de l’eau, des amis, de plus en plus nombreux, lui demandent d’orner leurs vêtements de ses messages brodés. A la rentrée, Amy intègre une école de communication pour son Master 1&2, travaille chez TBWA pour un concitoyen américain, McDonald’s puis dans une agence digitale. Deux années très formatrices pendant lesquelles Amy continue à broder, pour la beauté du geste.
2015 arrive à grand pas et va voir la concrétisation de ses aspirations les plus profondes. Amy choisit comme sujet de mémoire la communication d’une campagne de financement participatif et prend, comme cas pratique, son projet, qu’elle a nommé entre temps Hello Jonesie. Un nom pour se rappeler à tout moment ses origines, Jonesie étant l’affectueux surnom donné aux Américains prénommés Jones. Ses t-shirts et sweats brodés sont mis en orbite. Sa campagne se passe à merveille et se termine en juin, à l’heure où les oiseaux migrateurs regagnent leurs contrées natales. L’engouement est tel qu’Amy demande et obtient de la part de son patron bienveillant un mi-temps. Les matins recueillent ainsi ses rêves d’entrepreneure de la nuit et les après-midis sont dédiés à l’agence et à ses clients californiens, tout juste réveillés par le soleil de l’autre côté du globe.
Depuis, Jonesie a bien grandi. De jolies collaborations, une gamme élargie à de la papeterie, etc.. la jeune femme n’a pas fini de tresser son fil bleu-blanc-rouge…




Crédit photos : Jonesie