En contemplant le parcours de Camille, la métaphore alimentaire est logée sur le bout de la langue, irrésistible : boulimique de travail, assoiffée de projets, jamais rassasiée, tant la jeune femme fait de sa vie un mille feuilles de projets.

Dès son plus jeune âge, la petite Camille promène ses boucles blondes dans la cuisine du restaurant étoilé de ses parents. L’odeur des bouillons, le tintement des casseroles et le grésillement des cuissons forment un joyeux tintamarre dans lequel frétille une passion naissante. Durant ses tendres années, elle apprivoise le rouleau à pâtisserie dans un nuage de farine alors que son frère manie l’éponge dans une nuée de bulles de savon. Le passage à sa première décennie est l’occasion pour la jeune Camille de montrer avec force et éclat tout son caractère. Du haut de ses dix ans, la petite fille exprime sa soif de liberté et d’indépendance en souhaitant intégrer un internat en Flandre. Une décision qui prête à sourire tant elle est généralement réservée à une marmaille plutôt turbulente. L’annonce au tableau devant ses camarades de classe a un effet libératoire : la petite fille part le cœur léger pour une expérience loin des siens qui lui donnera le goût du voyage.
Les années défilent, Camille passe son adolescence à courir le monde dans les plis du tablier de son père lors de galas et autres grandes réceptions. L’exposition universelle de Shanghai est une nouvelle occasion rêvée pour la jeune fille de rejoindre la figure paternelle dans l’empire Céleste et d’admirer la galaxie gastronomique cosmopolite. Camille décide d’embrasser l’héritage familial et de faire de cette passion son métier. La majorité sonne alors le début d’une académie multinationale. Après son baccalauréat, Camille opère sa propre pièce-montée : elle quitte sa Belgique natale pour les collines irlandaises. La jeune femme revient bilingue et poursuit son ascension en Suisse, où elle intègre l’Institut de Glion, reconnu comme la meilleure école hôtelière au monde. Dans cet établissement très prestigieux, elle apprend la discipline pour atteindre les sommets d’un service cinq étoiles. Elle nourrit son fin palais dans de fastueux palaces lors de stages à l’hôtel Portman Ritz Carlton de Shanghai puis au London NYC Hotel à New York et enfin au CBRE Hotels à Londres. Des passages dans trois villes-monde où elle apprivoise des cultures aux antipodes. Dans cette entreprise londonienne de conseil en investissement hôtelier, Camille, spécialisée en finance et immobilier depuis, travaille au développement de l’enseigne.
Mais rapidement, l’ivresse des débuts retrouve un peu plus chaque jour une triste sobriété. Il faut malgré tout croire en son étoile. Des projets viennent à nouveau frétiller ses papilles et briller ses pupilles : l’institution familiale a gagné en rondeur et saveur depuis qu’y brille un chef auréolé d’un passage à Top Chef. Une notoriété qui ne demande qu’à confire sous le regard expert de Camille.
Xavier, un ancien camarade de l’institut de Glion, revient d’un weekend à Rome contrarié : des heures à chercher dans l’arène d’internet l’hôtel rêvé pour finalement rester sur sa faim. Il songe alors à une plateforme sur laquelle les voyageurs pourraient réserver leur hôtel en fonction de leur personnalité pour un séjour sur-mesure. Avant que 2016 ne s’achève, Xavier traverse la Manche pour faire part de son intuition et envie à Camille qui n’en fait qu’une bouchée. Alors que Xavier vient d’accepter son premier CDI quelques jours plus tôt, le duo signe pour un culot à durée indéterminé. Quelques lignes de code écrites par un développeur et l’application Triptwin sort au printemps 2018 pour les beaux jours. Plus de deux cents hôtels ont déjà dit oui à ce duo charmeur. Camille emménage à Paris, sa ville de cœur. Dès lors, le Paris-Brest gagne en mâche et devient Paris-Belgique : Camille partage son temps entre la France pour Triptwin et Namur pour les établissements familiaux.
En gourmande invétérée, l’entrepreneure trouve le temps de s’asseoir au comptoir, pour une dégustation. En bonne élève, Camille note religieusement les adresses qui ont fait convulser sa langue. Des listes façon mises en bouche qu’elle envoie sur un plateau à ses amies. Au cours d’une soirée parisienne, une jeune femme pense lui faire une faveur en lui dévoilant une liste confidentielle d’adresses incontournables… qui n’est autre que la sienne ! La situation est plus que savoureuse et une idée apparaît en un éclair : publier sur papier glacé ses adresses pour bec sucrés et salés.

Camille passe alors les nuits d’automne à élaborer ce nouveau projet. De cette insomnie naît un carnet de quarante adresses appelé Pépite. Le premier numéro est consacré à Paris, son amour. Deux prochains numéros ponctueront joliment 2019 et seront consacrés à Bruxelles et Londres, ses deux autres villes de cœur.
A bien regarder son parcours, on imagine aisément que Saint Exupéry ait pu bercer son enfance, tant Camille croque avec gourmandise une des grandes maximes de cet auteur : « faites que votre rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve ».


Crédit photos : Pépite. Un grand merci à Camille pour sa joie de vivre !