Dès sa tendre enfance, la jeune Cécile aime noircir ses cahiers de dessins. Une oreille distraite tendue vers la voix professorale mais les yeux concentrés sur ces pages blanches ou plongés dans celles d’un livre. Parfois, ses cahiers ne suffisent plus et la petite fille use ses stylos sur le papier peint des murs du foyer familial…

Après son baccalauréat, la jeune Cécile étudie les Beaux-Arts et la photographie. Le temps académique laisse place à l’argentique. Cécile devient photographe outre-Manche et navigue entre deux eaux. Si le dessin reste central, il est quelque peu désaxé. Ce n’est toutefois qu’une parenthèse de quelques années, elle y reviendra plus tard pour mieux l’empoigner.

 

Son retour en France sonne avec la rentrée des classes. Cécile intègre ESMOD, l’École supérieure des arts et techniques de la mode. Elle ressort pour son plus grand plaisir ses crayons et réapprivoise la couleur, les formes et les motifs. Fraîchement diplômée, elle débute en tant qu’assistante styliste dans une belle maison de lingerie française. Alors que cette première expérience touche à sa fin, son maitre de stage lui expose les dessous de son futur projet et lui propose de s’associer à lui, en tant que designer textile. La proposition est très alléchante. Cette confiance qu’il place en elle la presse d’accepter.

Au sein de ce studio fraîchement né, Cécile assouvit sa passion du dessin en croquant quotidiennement des motifs à destination des professionnels de la mode et de l’ameublement. Les années défilent et une décennie finit doucement par s’esquisser. Sur le papier, beaucoup de travail et une créativité décuplée. 

Le papier n’est cependant pas suffisamment absorbant pour aspirer la frustration naissante des deux associés de voir leurs motifs s’émanciper une fois franchis la porte du studio. Ce sentiment de dépossession est titillé par des clients cherchant leurs motifs couchés sur papier peint. L’idée a l’effet d’un rouleau compresseur…

Les deux associés poussent alors les murs du studio et décident de se frotter aux aspérités du plâtre et du béton. Un pari osé pour ces deux enfants des années 70, ce revêtement n’étant pas encore revenu dans les petits papiers des décorateurs d’intérieurs. Mais oubliez les petites fleurs ou autre timides arabesques, le duo ne fait pas dans la demi-mesure et voit déjà grand : le dessin sera affirmé, sans aucune chance de faire tapisserie.

Les premières références de papiers peints sont ainsi proposées. Leur succès rapide en fait un mur porteur du studio. Cécile souhaite en faire celui de toutes ses contemplations. En 2015, les chemins des deux associés se séparent alors. C’est la naissance de Bien Fait. L’absence d’exclamation souvent accolée à ces deux mots donne le ton. Aucun fatalisme ou jugement, seulement l’assurance d’un papier unique de très haute qualité.

Les décors panoramiques de Cécile s’insèrent parfaitement dans le paysage de l’architecture d’intérieur et font de Bien fait une référence en la matière. A la naissance des plinthes, le décor parcours le mur pour se tapir jusqu’au plafond. Avec Bien fait, Cécile nous offre des voyages immobiles aux multiples destinations : une jungle exotique très inspirée du Douanier Rousseau, un jardin botanique, une voie lactée multicolore, des cumulus cotonneux, une cabane mystérieuse au bord de l’eau ou encore un origami ensorcelant… Le papier devient identité pour les murs, véritable cadeau fait à notre imaginaire.

 

Cécile jongle avec sa casquette de chef d’entreprise à la tête d’une petite équipe, mais n’en délaisse pas moins le dessin, qui représente tout un pan de sa vie. Elle ouvre également sa jeune maison à des illustrateurs dont elle aime l’univers, le temps d’une collaboration. Un seul mot d’ordre avec Bien Fait : ouvrez grands les yeux car les murs sont des merveilles.

Crédit photos : Bien fait Paris