Le cœur a ses passions que la raison ignore. Des rêves trop souvent condamnés au nom d’une sacro-sainte bienséance injustifiée. Mais les années passent et les passions demeurent, jusqu’à s’imposer, dans un sursaut salvateur. Elles deviennent alors les seules raisons de vivre. C’est l’histoire de Claire, fondatrice de Maison Lemoine, avocate de formation, qui a quitté la robe noire pour assumer pleinement ses choix.

Claire nourrit une passion pour la mode dès sa plus tendre enfance. Mais l’austérité et l’autorité de ses années secondaires dans un lycée jésuite renommé sont souveraines, et ses envies relayées au rang de rêveries solitaires. Le bac en poche, elle refuse pourtant les conventions qui la mèneraient à une classe préparatoire et aux grandes écoles. Elle emprunte alors sans réelle conviction le chemin du droit et se laisse porter par sa plume entraînée. Les années défilent et l’étudiante se spécialise en propriété intellectuelle. Diplômée en 2008, la jeune avocate appuie sur pause et part croquer la grosse pomme. New York devient dès lors le refuge de ses rêves endormis. Mais la lourdeur administrative américaine douche ses espoirs et la renvoie dans l’hexagone après quatre saisons. Claire entre alors sagement dans les rangs et intègre un cabinet spécialisé dans le droit de la mode. Le juste compromis à ses yeux pour étancher cette soif de créativité qui ne la quitte plus. Mais l’enthousiasme des premiers jours se dissipe dans l’ambiance feutrée des couloirs haussmanniens. . A défendre les géants-copieurs contre les petits créateurs, Claire aimerait être des leurs… Le pas jusqu’au Tribunal se fait plus lent. Songer que ses rêves d’antan aient pris perpétuité la pousse à une révolte intérieure. Claire décide de tenter la célèbre Parsons School of Design pour ne rien regretter. Sa ténacité se voit récompensée : après des nuits à préparer son dossier, la jeune femme est reçue dans cette prestigieuse école. Claire plaide alors le droit à l’erreur et démissionne trois ans après son arrivée. Une double peine pour son employeur un brin paternaliste qui doit laisser partir à regret sa jeune recrue. Elle entame son préavis avec une légèreté retrouvée et la garantie d’un horizon plus lumineux…

 

Claire retrouve son New York cocon pour une douce revanche. Trois nouvelles années pendant lesquelles la couture remplace la coutume. La mode se fait plus rebelle que le code discipliné et s’avère plus difficile qu’un commentaire d’arrêt ! Mais Claire s’accroche à son rêve. Elle fait ses gammes auprès de grandes Maisons comme Lanvin, Margiela et Sally LaPointe.

Alors qu’elle fait le douloureux constat qu’une place dans ce milieu se fait à prix d’or, une amie proche lui demande de confectionner sa robe de mariée. Une parenthèse enchantée, qui ne se referme pas grâce au cortège d’amies qui défilent sous ses mains. Au fil des coutures, le voile se lève sur son avenir. La jeune femme s’octroie toutefois un délai de réflexion. Huit mois à penser la pertinence d’un tel projet, à dessiner ses contours.


Sûre de son créneau et d’une lune de miel avec un associé-financeur, Claire lance en septembre 2015 Maison Lemoine, des tenues élégantes pour les petites et grandes occasions. Mariage, dîner galant, gala, cocktail, baptême etc. le champ des possibles est infini pour reporter ses créations d’un chic intemporel. Les débuts sont hauts en couleurs : au noir de sa vie passée, Claire lui préfère des nuances éclatantes, signe de l’influence américaine et d’un bonheur accompli. Désormais à l’unisson avec ses rêves, Claire multiplie les projets : une collaboration avec la très jolie marque de chaussures Bobbies et l’installation toute récente aux Printemps Haussmann… Son histoire est à elle-seule un plaidoyer à la réalisation de soi !

Un immense merci à Claire pour sa gentillesse, sa bienveillance et sa passion contagieuses !

Crédits photos : Alexia Maggioni et Pierre Atelier pour Maison Lemoine