A bien la contempler, Diane semble sortir tout droit d’une série mode d’un magazine. Mais son sourire charmeur réchaufferait n’importe quelle page glacée d’une revue papier. La jolie brune a l’œil rieur de quelqu’un prêt à jouer un tour. S’amuser des genres et détourner les codes est son petit jeu à elle. A 27 ans seulement, Diane Ducasse est le nouvel enfant terrible de la mode.

D’une enfance passée dans la fournaise réunionnaise, Diane en tirera son goût pour les voyages. De retour à Lyon, elle suit un parcours de jeune fille bien rangée. Bonne élève, Diane intègre, après un bac scientifique, une prépa HEC. Mais son goût pour les chiffres et autres théories économiques diminue comme peau de chagrin. Après deux années très studieuses mais quelque peu ennuyeuses, Diane souhaite écrire une nouvelle page. Elle s’envole quelques mois à New York comme jeune fille au pair pour capter l’énergie folle de cette ville insomniaque. De son passage éclair dans la « grosse pomme », Diane se découvre un appétit de géant. Des étoiles dans les yeux et un peu de spleen de Paris dans le cœur, elle revient en France avec un rêve en tête : devenir styliste. Elle reprend ses crayons, délaissés pour un temps, et entre au très réputé studio Berçot. Fraîchement diplômée, elle usera ses premières mines au sein de grandes maisons – Lanvin, Marc Jacobs et Michel Vivien – puis aux côtés de personnalités hautes en couleurs, à l’image de Vincent Darré, Directeur Artistique du magazine l’Officiel de la Mode et de la Couture. Diane jongle avec les patrons et s’épanouit. Mais de patron justement, elle n’aura finalement qu’elle. Forte de ces expériences, la jeune femme devient freelance, retourne à l’école qui la formée, mais cette fois de l’autre côté du miroir. Elle devient professeur de style au studio Berçot et garde un derby dans la création, en travaillant pour Inès de la Fressange et Yazbukey.

Côtoyer les créateurs de mode les plus en vue n’effraie pas la jeune femme. Une chance inouïe qui ne doit en réalité rien au hasard, car Diane a su provoquer son destin. L’aventure ne peut alors s’arrêter, tant le champ des possibles s’ouvre à elle : de nouvelles coupes à inventer, de nouvelles matières à travailler, une nouvelle image à façonner … rien ne peut retenir son enthousiasme. 

En 2016, elle fonde tout naturellement sa propre maison, DA/DA. Une voyelle et une consonne dédoublées, pour une jeune marque qui fait souffler un vent de fraîcheur dans le petit microcosme parisien. Un nom aux sonorités réjouissantes qui trouve différentes origines, à commencer par le mouvement intellectuel et artistique du même nom. La jeune maison française s’inscrit dans le manifesto de ce courant, avec des créations qui ne peuvent laisser indifférent. DA/DA, c’est aussi un hommage à de grandes femmes – Frida Khalo, Gala Dali, ou encore Georges Sand – aussi bien connues pour leurs productions créatrices que leurs tenues empruntées au vestiaire masculin. Enfin, les quatre lettres sont simplement un joli clin d’œil au surnom de la jeune femme.  

Chez Diane, le masculin se conjugue au féminin. Des coupes empruntées aux hommes pour des femmes, comme un hommage à nos hommes. A cheval entre le masculin et le féminin, les créations de la maison DA/DA transcendent les genres. Veste croisée ceinturée, chemise XXL, robe-manteau… les coupes DA/DA se veulent élégantes, intemporelles, minimalistes. C’est le dadaïsme version DA/DA : un classicisme poussé à son paroxysme, qui en devient presque extravagant. Diane s’amuse de ses muses – Gala, Frida et Georges donc – et le résultant est bluffant. Les premières collections DA/DA sont lumineuses, à l’image de sa jeune créatrice, solaire.

En l’espace d’un an à peine, Diane a su redonner les lettres de noblesse à la mode androgyne. Ni féminin, ni masculin, quelque part sur un pont reliant les deux.

“C’est une grave erreur que de parler d’écriture féminine ou masculine. Il n’y a que des écritures tout court et plus elles sont androgynes mieux ça vaut.”

Diane Ducasse a su parfaitement transposer ces quelques mots de Nathalie Sarraute à la mode. 

Crédit photos: DA/DA