CAPUCINE, FONDATRICE DE CAPULETTE

La jeune Capucine partage son enfance entre la France et l’Italie, ce pays en forme de botte, présage de sa future destinée… Diplômée de l’école américaine de Paris, la jeune femme entame sa carrière professionnelle dans le domaine de la communication et la presse. Entre deux communiqués, elle regarde, avec un œil teinté d’admiration, sa mère lancer sa marque de sacs éponyme. L’affaire familiale est rapidement dans le sac : les deux femmes finissent par resserrer l’étreinte et travailler ensemble.
Capucine s’épanouit, sous le regard maternel, bienveillant et confiant. Est-ce le lien du sang ou une initiale en commun qui explique le mieux leur complicité ? Certainement un peu des deux. Toujours est-il que les deux femmes font la paire, Caroline se consacre à la création tandis que Capucine supervise le développement de la marque et la communication. Leur maison de maroquinerie se patine joliment avec le temps et le poids (encore léger) des années.
Cuir, lin, raphia et bois, la maison emploie des matières nobles et confie la production à un petit atelier situé dans la région italienne de Bergame, à quelques grandes enjambées de Milan. La dolce vita fait couler des jours heureux.
A l’aune d’une décennie passée dans le giron familial, Capucine souhaite faire fleurir à son tour un projet personnel qui lui tient à cœur. Si l’on ose l’analogie avec la gastronomie italienne, on pourrait affirmer sans trop s’avancer que cette expérience décennale, al dente, est idéale : assez ferme pour s’assurer un ancrage solide, mais encore souple pour s’autoriser à rêver grand et beau.
L’objet du désir est tout trouvé : les souvenirs chevillés au cœur d’une mère chaussées de friulanes, ces souliers en velours fétiches des gondoliers vénitiens, reviennent à grands pas dans son esprit. Une madeleine de Proust à la sauce italienne dont elle se délecte encore aujourd’hui. Et puis il y a cette envie, cachée sous les talons, de s’écarter du vivant pour travailler des matières textiles, tout aussi nobles. Les plus chauvins d’entre nous s’attendaient peut-être à voir la charentaise lui tapait du pied, mais celle-ci est trop casanière par rapport à son homologue italienne à l’aise aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Capulette naît en 2016, clin d’œil littéraire et littéral, à son prénom et au patronyme d’une célèbre famille shakespearienne. Mais aucune tragédie en perspective, ni amour contrarié, bien au contraire. Une passion pour un chausson qui tombe le masque et révèle son identité profonde : joyeux, coloré, élégant sans être exubérant.
Il est de notoriété commune que les Italiens parlent avec leurs mains. Mais leurs pieds en disent tout autant de leur coquetterie, de leur façon de s’ancrer dans le monde et de sauter à pieds joints dans l’épicurisme. Les chaussons sont confectionnés dans des tissus raffinés trouvés par la créatrice en Italie bien sûr, près de Milan et Padova. La gamme se développe, Capulette s’enlace avec d’autres jeunes marques le temps de collections capsules (Call it by your name, Gigi, La veste etc.) et pose même un orteil dans le domaine de la maison, avec des coussins et nappes.
L’assurance des gondoliers n’est elle pas à chercher au niveau de leur pieds bien chaussés ? Toujours est-il que ces friulanes nous font poser un pied à terre, et le cœur avec.



