L’entreprenariat est parfois inscrit dans les gênes. Des atomes crochus pour le risque, l’insouciance et la persévérance, un chromosome E – pour entrepreneur – et le virus coule dans les veines, à flots. L’entreprenariat devient alors une évidence, une seconde nature. De nature d’ailleurs, il en est question dans ce portrait, à plus d’un titre. Tombé sous le charme d’un joli concept qui permet de recevoir chaque mois des graines à semer, French Marmaille a souhaité croquer le portrait de Julie Spolmayeur, la fondatrice de la Box à Planter.

La jeune Julie passe ses tendres années à la campagne. Haute comme trois pommes, elle parcourt le monde de ses yeux bleus et laisse libre court à ses rêveries de promeneuse (solitaire). Quand on lui demande le métier qu’elle souhaite exercer plus tard, Julie s’imagine tour à tour pizzaiolo, avocate et vétérinaire ! Des professions aux antipodes pour une petite fille qui a les pieds sur terre.
Sur les bancs de l’école, Julie cultive les bonnes notes. En élève sérieuse et appliquée, elle obtient son bac économique et se laisse convaincre par ses professeurs d’embrasser des études supérieures. Ce sera une classe préparatoire pour présenter les écoles de commerce. Une révélation, tant l’étudiante s’épanouit dans cette voie réputée difficile. La jeune fille se découvre une soif insatiable de culture, un appétit d’ogre pour les nourritures abstraites.
Après ces deux années éreintantes mais enivrantes, Julie intègre Skema Business School à Lille. Mais son enthousiasme va rétrécir comme peau de chagrin. Le carriérisme prôné par cette école croquée à la sauce américaine l’irrite. La jeune fille en fleur qu’elle était devient saule pleureur, mais pour un temps seulement. L’envie d’entreprendre la fait tenir, tel un tuteur auprès d’une branche fragile. Elle participe à de nombreux « startups weekends » qui font éclore les jeunes pousses de demain. Un bon engrais pour trouver l’inspiration, les business plans fleurissent dans sa tête.
En grande pragmatique, Julie multiplie les expériences. Elle sera en charge du développement commercial d’une startup lilloise pendant un an, le temps d’accompagner une jeune entreprise durant ses quatre saisons. Mais le fondateur n’a pas les ressources financières pour l’embaucher. La jeune femme entre alors dans une nouvelle dimension et signe un CDI dans une grande startup parisienne spécialisée dans le domaine médical. Dans cette jeune mais solide structure, elle est commerciale, et patiente dans les salles d’attente des médecins pour les convaincre de rejoindre l’aventure. Mais la greffe ne prend pas. Après six mois de travail intense ponctué d’errance, Julie découvre brutalement le pot aux roses. Le diagnostic tombe tel un couperet : burn-out
Une rupture conventionnelle plus tard, la jeune femme est de nouveau libre comme l’air mais estropiée. La vision idyllique qu’elle avait des startups prend l’eau. Ses convictions à la dérive, s’ensuit une profonde réflexion intérieure, à la recherche du sens perdu. Un soir de mai, une amie lui chuchote à l’oreille sa propre incapacité à supporter le poids d’un patron : c’est le déclic. Une renaissance, à l’heure où la nature s’éveille.


Sa tête en friche devient à nouveau un terreau fertile. Le métier de ses rêves, elle va le créer. Une seule condition à ses yeux : donner du sens à son action. Parmi les bourgeons d’idées, un éclot dans son coeur : les semences. Un retour à la terre, mais à l’heure des temps modernes. En passionnée du net, elle n’a pu échapper au raz-de-marée des « box » depuis quelques années. Une surprise tous les mois, à ses yeux la cerise sur le gâteau. Dès lors, elle tient son concept et ne le lâchera plus. La Box à Planter naît à l’été 2015. Sa terre promise.
La Box à Planter propose ainsi chaque mois des graines biologiques, reproductibles et françaises, à planter chez soi. Avec ce concept, Julie résout l’épineuse équation de cultiver des légumes dans un milieu urbain. Que l’on soit rat des villes ou souris des champs, inutile d’avoir la main verte, seuls quelques sachets suffisent pour retrouver le goût des pépins de pommes. Radis, navet, brocoli, épinard, céleri, chou-rave etc…les légumes sont désormais à portée de terre. De quoi donner à son balcon des airs de jardin d’Eden et devenir un gastronome économe.
Les premiers temps sont grisants. Julie se découvre une âme de couteau-suisse : dans sa chambre d’enfance, elle passe ses soirées d’été à mettre les petites graines en sachets, courir sa campagne natale pour envoyer une par une les commandes, et alimenter les réseaux sociaux. Le système D est une seconde nature pour cette auto-stoppeuse avertie. Mais qu’importe, Julie a l’enthousiasme débordant des débuts et peut compter sur ses légumes bios pour lui offrir la vitamine nécessaire. Elle saura toutefois s’entourer d’un associé, Quentin, pour tisser sa toile. Celui-ci développera quelques lignes de codes pour mettre son joli projet en orbite.
Aujourd’hui, la Box à Planter a fêté ses deux printemps. Huit saisons à asseoir le concept, à convertir des apprentis jardiniers toujours plus nombreux et à remuer ciel et terre pour faire pousser cette petite graine plantée deux ans plus tôt. Si Julie reste le visage de la Box à Planter, d’autres boutures en puissance ont rejoint l’aventure. Nul doute que ce petit bosquet deviendra une forêt verdoyante.
Après quelques mois d’errance, Julie a fini par trouver son eldorado. La jeune femme, convertie depuis quatre ans au végétarisme, est arrivée à maturité : sa plénitude est fondante et son enthousiasme juteux. Au bout du fil, sa passion est communicative, tout comme sa bienveillance envers notre génération, qu’elle trouve créative et capable de renverser le cours des choses. Parmi cette marmaille inventive, elle chérit les parcours et visions de Lisa Gachet (la fondatrice du blog Make my Lemonade), Patrice Cassard (le fondateur d’Archiduchesse) et Laura Mabille (entrepreneure et auteure du Miracle Morning).
Quand on lui demande d’où vient son goût pour l’entreprenariat, Julie l’explique par sa soif de liberté. Une soif vite épanchée – dernière d’une fratrie de quatre enfants, la jeune femme a très tôt été autonome – mais nullement assouvie, tant Julie réfléchit avec gourmandise à de nouvelles idées.
Cette énergie communicative, on la croque à en perdre haleine.
“ La terre est le probable paradis perdu.”
Garcia Lorca.
Un paradis retrouvé grâce à la Box à Planter !


Un immense merci à Julie pour notre échange, sa gentillesse et son enthousiasme communicatif ! Crédit photos : La Box à planter