Après des études aux Beaux-Arts de Lorient et à l’École supérieure d’art et de design d’Amiens, la jeune Léa pose ses crayons chez Cartier, avec l’idée que cette belle et grande maison recèle une mine d’or et lui ouvre les perspectives d’une carrière toute tracée. Mais c’est en réalité une vieille dame de presque 170 ans qu’il convient de ne pas trop brusquée d’idées nouvelles. Sa présence devient davantage figurative et son inventivité se voit quelque peu gommée. Avant qu’elle ne s’estompe complètement, la jeune femme, ses pinceaux et sa créativité dans ses manches, traverse le bras d’eau qui la sépare de l’Angleterre. Les Britanniques ont sur le papier ce petit grain de folie, présage de nouveaux espoirs. 


Designer au sein d’une agence d’édition, Léa a le désir de proposer toute la palette de son talent. Mais les outils numériques continuent à faire écran à son besoin impérieux de toucher la matière, de la manier à pleins tubes. Cette nouvelle expérience semble alors se calquer sur la première : elle se retrouve une nouvelle fois à déborder du cadre en proposant des illustrations qui se voient refusées… Elle compose ainsi mais sans toutefois tirer un trait sur ses aspirations, la peinture restant son chevalet de bataille.

Dans ce clair-obscur, son horizon va soudainement s’éclairer de mille tons. Son patron, peut-être de mèche avec sa créativité, lui offre la rampe de lancement idéale en l’encourageant à embrasser son véritable dessein : devenir illustratrice à son compte. Reprenant des couleurs, Léa fait le chemin inverse et revient dans son pays d’origine pour entamer sa renaissance.

Après s’être très largement illustrée dans le monde de l’édition et de la presse, Léa montre enfin ses propres planches. Au contact de la gouache, les pinceaux de la jeune artiste retrouvent leur panache. 

Propulsés sur le papier, les pigments s’écrasent pour libérer toute leur puissance éclatante. Léa offre à la gente féminine le haut de l’affiche. On retrouve en effet sur nombre de ses œuvres des femmes dont leur solitude n’a d’égal que leur aptitude à nous plonger dans une certaine béatitude.

Des paysages paradisiaques et luxuriants, où l’eau est le plus souvent à portée de peau, peut-être pour nous rappeler qu’il est souvent bon de s’y jeter….

Crédit photos : Léa Morichon