Alice Watier, créatrice à géométrie variable

Après une enfance passée sous les embruns bretons, Alice emprunte la petite ceinture serrant la capitale pour entamer ses études supérieures. Dans ses valises, un enthousiasme débordant mais tempéré par une humilité l’encourageant à entreprendre une année de mise à niveau en Arts Appliqués (MANAA).
Au bout de douze mois, Alice boucle ce premier apprentissage accéléré et intègre un BTS métiers de la mode (chaussures et maroquinerie). En parallèle et façon cours du soir, la jeune étudiante commence à dessiner et façonner ses premiers modèles de sacs pour son cercle proche. Un CAP maroquinerie aux Ateliers Grégoire vient consolider, à la façon d’une seconde anse, sa connaissance du cuir sous toutes ses coutures.
Après avoir exercé ses mains et ses sens, les aventures d’Alice au pays des merveilles tannées peuvent véritablement commencer. Pas de chapelier fou, mais une reine du sac pour démarrer. Elle entre ainsi en stage chez Delphine Delafon, dont le sac sceau a forgé sa réputation de maison créative. La personnalisation des produits proposée par la créatrice imprègne profondément la jeune femme. Un tour chez Valérie Salacroux, autre spécialiste du cuir, vient nourrir ses yeux et parfaire l’habileté de ses doigts. Des premières expériences qui lui ont ainsi donné l’envie de ne pas se cacher dans la doublure d’une maison, mais de porter fièrement ses couleurs et d’embrasser son monde à elle.
L’entrepreneuriat est un long chemin, mais Alice a plus d’un tour dans son sac. Deux en l’occurrence. Elle lance sa maison de maroquinerie éponyme, tout en réalisant des missions en tant que styliste/designer pour d’autres.
La jeune femme commence ainsi dès 2016 à proposer son univers aux couleurs éclatantes et foisonnantes, qu’elle portait avec fierté du haut de son enfance. Le premier modèle à sortir de son imaginaire débordant est Ana, sac sceau inspiré de l’esprit cinétique des années 60s. Les modèles Joan, dont le profil rappelle une goutte d’eau portée par le vent, et Carry en forme de baguette frenchic composent le triptyque de lancement.
Alice fait siens les petits volumes et peaux issues de stocks dormants. Mais si les contraintes de ces cuir endormis rendent possible le sur-mesure (sur rendez-vous à l’atelier), elles sont un obstacle dans la volonté d’Alice de proposer sur le site une bibliothèque permanente de coloris suivis. Ne souhaitant pas choisir entre les deux, Alice part donc à la recherche de fournisseurs et tanneries. Un monde réputé imperméable mais dans lequel elle finit par s’immiscer pour trouver son bonheur. L’aventure peut continuer. D’autres modèles sortent dès lors de son sac à malice : June avec son corps en trapèze, Gaia aux rondeurs assumées ou encore Romy, véritable pont entre les années 70s et nos jours.
Le processus créatif est toujours le même : Alice s’inspire du design, si cher à son cœur. C’est ainsi que chaque sac est pensé pour qu’une fois au repos, celui-ci garde une certaine tenue, prenant la pose sans jamais se décomposer et devenir ainsi un objet de décoration intérieure à part entière. La forme est pointue, contrairement aux angles, qu’Alice préfère arrondir. Le cuir est lisse pour des personnalités qui ne le sont définitivement pas ou grainé pour des clientes faussement sages.
En 2020, alors que les Français tournent en rond dans leurs intérieurs, étuis bien trop souvent étroits, Alice élargit son cercle en intégrant pour trois ans la Caserne, accélérateur de transition écologique et sociétale dédié à la filière mode et luxe en Europe. On retrouve ici la sagesse de la créatrice à vouloir s’entourer pour apprendre et grandir au contact des autres, à l’image d’une collection capsule réalisée deux ans plus tôt avec Jessica Troisfontaine, fondatrice de Septem Paris (dont le portrait est à retrouver sur le site).
La maison Alice Watier est aussi placée sous le sceau d’un champs colorimétrique irrésistible dans lequel la fleur de cuir, bleue rose, jaune, prune, verte, orange etc. n’aura jamais si bien porté son nom. Alice développe également une ligne de petite maroquinerie confectionnée à partir de chutes de cuir, qui n’est en rien accessoire.
Une créatrice à géométrie variable mais avec une constance : une maroquinerie épurée, acidulée, personnalisée et de haute qualité pour se jouer de la mode sans nous jouer un tour.




Un grand merci à Alice pour son enthousiasme et sa bienveillance !
Crédit photos: Alice Watier et Diiana Victoriaa
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