Les salariés sont chaque jour plus nombreux à opérer leur mue professionnelle. Pour certains, elle prend l’apparence d’une révolution, alors qu’elle n’est pour d’autres qu’une douce évolution naturelle. Portrait de Thérèse, fondatrice de Maison Chrysalide, ou l’histoire d’une métamorphose éclaire.

Née à Paris, la jeune Thérèse quitte rapidement le gris de l’asphalte pour le vert de la campagne française. Elle passe ainsi son enfance à imprégner ses iris des multiples pigments offerts par la nature. Après un baccalauréat littéraire et des études à l’Ecole de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, Thérèse papillonne en tant qu’assistante styliste et modéliste, dans de belles maisons, à l’image de Mugler et de la créatrice de robes de mariée Laure de Sagazan. Autant de cocons composés de tulles et de mousselines dans lesquels elle tisse doucement son expérience.
Mais à l’intérieur, c’est le doux chambardement : le voile, moins épais qu’il n’y paraît, ne l’empêche pas de voir clair et de comprendre alors que son talent et sa passion résident avant tout dans la création d’imprimés et le dessin textile. Alors, pour éviter que ce cocon ne se transforme en prison, Thérèse accélère sa mue. Eprise de liberté et s’en sentant l’étoffe, sa carrière connaît une évolution naturelle vers l’entrepreneuriat. Le cerveau en ébullition, elle reprend le fil de ses pensées, les agrège pour tisser un projet personnel qui pourrait d’un seul battement d’aile allier sa sensibilité pour les formes et couleurs et son goût pour les voyages.
S’accrochant solidement à un fil de soie, elle décide de remettre le foulard au goût du jour, cet accessoire un temps en voie d’extinction mais qui fait depuis quelques années un retour irrésistible dans le giron de notre nuque. Elle commence alors a esquissé un visuel d’étole autour du Rajasthan, pays des rois aux joyaux architecturaux. Sitôt ce carré de soie entre les mains de sa maman qui a souhaité financer ce premier essai, c’est tout le cercle familial qui tombe sous le charme de ce tissu soyeux aux reflets modernes et intemporels.
Après le succès de ce prototype, la jeune femme travaille d’arrache-pied pour développer sa première collection et créer, par la même occasion, sa petite entreprise.
La jeune femme butine la palette entière de couleurs, joue sur les formes géométriques, épinglant les souvenirs nés de ses nombreux voyages de jeunesse. A chaque nouvelle création le même rituel : le choix du thème, quelques recherches iconographiques, graphiques et colorimétriques, et enfin l’ébauche à main levée puis aidée d’un ordinateur.
Une fois le dessin terminé, celui-ci est envoyé dans un atelier lyonnais où il est imprimé sur un twill de soie d’une grande qualité. Un choix qui ne doit rien au hasard puisque la capitale des gones fut le bastion historique des fameux Canuts, connus à travers le monde pour leur savoir-faire et travail de la soie. Tous les foulards de cette jeune maison sont « roulottés à la main », à la française, par une couturière spécialisée, c’est-à-dire cousus selon un point particulier, propre aux ourlets des carrés de soie des plus raffinés. Thérèse tord ainsi le cou à l’idée selon laquelle la jeunesse tourne un dos insolent au passé et à ses aînés.
Les riads et palmeraies luxuriantes d’un Proche et Moyen-Orient irradiant, ou encore le tartan d’un peuple celte si fier, ses carrés viennent subtilement encadrer l’ovale du visage et ainsi offrir le monde à portée de cou…




Crédit photos: Maison Chrysalide